L'objectif de cette communication sera de montrer comment les désaccords en matière de croyances religieuses sont une bonne raison d'être sceptique sur les questions religieuses.
L'épistémologie du désaccord a permis de clarifier les réponses rationnelles face à des désaccords persistants. Pour éviter de conclure au scepticisme, certains invoquent le recours à des intuitions, des données probantes privées justifiant de conserver sa position initiale. Nous nous proposons d'appliquer les éléments fondamentaux de cette épistémologie à la question de la pluralité religieuse et de comparer intuitions et expériences religieuses. Cette comparaison est parfois utilisée pour justifier la position conservatrice suivante : bien que j'ai conscience d'un désaccord durable sur telle question religieuse, mes expériences religieuses me fournissent une intuition qui justifie que je n'adopte pas de position sceptique en réponse au désaccord et qu'au contraire je conserve ma croyance religieuse initiale (Van Inwagen, 2010). Cette position serait identique à la position suivante : bien que j'ai conscience d'un désaccord durable sur cette question philosophique, j'ai une intuition justifiée qui m'autorise à conserver ma croyance initiale sans adopter de position sceptique. Même en admettant que la position conservatrice face à un désaccord sur une question philosophique soit parfaitement rationnelle, tel n'est pas le cas pour la pluralité religieuse. Les désaccords en matière de religions ne peuvent être surmontés par des intuitions ou expériences et le scepticisme est la réponse rationnelle la plus adéquate.